A quoi sert l'art dans un monde en crise?

A quoi sert l'art dans un monde en crise?

Nous traversons une époque où les secousses de l’histoire ébranlent nos certitudes, où l’angoisse du lendemain pèse sur chaque souffle. Au Liban, notre terre, blessée par l’érosion du temps et les assauts de l’injustice, ploie sous le poids de la crise. Nos frontières sont marquées par l’occupation, notre souveraineté réduite à une chimère, notre peuple ballotté entre précarité et désillusion. L’instabilité politique semble une malédiction sans fin, et le désespoir s’immisce jusque dans les fibres les plus intimes de notre quotidien. Face à ces tourments, une question se pose avec insistance : à quoi sert l’art, à quoi sert la culture, quand l’urgence est à la survie ?

Mais l’art n’est ni un luxe ni un caprice. Il est respiration dans l’asphyxie, résistance dans l’abandon, lumière dans la nuit des humains. Il n’efface pas les plaies, mais il les transcende. Il ne change pas le cours du destin, mais il en éclaire le sens. Il est la mémoire d’un peuple quand on veut l’effacer, la voix de ceux que l’on réduit au silence, la révolte de la beauté contre la laideur de l’oppression. L’art dévoile l’invisible, rend justice à l’inexprimé, métamorphose la douleur en étoffe de combat.

Dans un monde où l’on érige des murs pour enfermer les consciences et fragmenter les âmes, la culture doit être un pont. Un espace de communion où les esprits, même meurtris, peuvent encore se rencontrer, s’interpeller, rêver ensemble d’un avenir qui n’a pas renoncé à l’humain. Les artistes, les penseurs, les créateurs ne sont pas de simples orfèvres du beau ; ils sont les veilleurs du sens, les éclaireurs du chaos, ceux qui, par le verbe, la couleur, la musique ou la danse, rappellent au monde sa propre humanité.

Renoncer à l’art, c’est capituler face au néant. L’espérance n’est pas une chimère fragile ; elle est une pulsation vive, une insurrection intérieure qui nous exhorte à poursuivre la marche. Que chacun, à sa manière, prenne part à ce grand murmure qui refuse l’effacement. Tant qu’il y aura des âmes pour créer, des voix pour raconter, des cœurs pour rêver, alors il y aura toujours une étincelle à rallumer, une aube à espérer, une patrie à reconstruire.

Dr. Pamela Chrabieh

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